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Alimentation végétale, qualité nutritionnelle et degré de transformation : quel impact sur le risque cardiovasculaire ?

Nouveaux indices diététiques issus de la cohorte NutriNet-Santé

Étude menée par Clémentine Prioux, Emmanuelle Kesse-Guyot, Bernard Srour, Léopold K. Fézeu, Julia Baudry, Sandra Wagner, Serge Hercberg, Mathilde Touvier et Benjamin Allès

Dans le contexte actuel où les régimes alimentaires à base végétale gagnent en popularité, il est essentiel de mieux comprendre leur impact réel sur la santé cardiovasculaire. L’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (CRESS-EREN) s’est penchée sur la complexité de ce lien en intégrant non seulement l’équilibre entre aliments d’origine animale et végétale, mais aussi la qualité nutritionnelle des aliments et leur degré de transformation. Les résultats, issus d’une analyse approfondie des données de la cohorte française NutriNet-Santé, apportent un éclairage nouveau sur la prévention des maladies cardiovasculaires (MCV).

Une étude innovante sur la composition et la qualité des régimes alimentaires

Si les régimes riches en aliments d’origine végétale sont souvent vantés pour leurs bénéfices sur la santé, notamment cardiovasculaire, la forte consommation d’aliments ultra-transformés (UPF) dans certains de ces régimes pourrait nuire à ces avantages. Peu d’études avaient jusqu’à présent exploré simultanément ces trois dimensions essentielles : proportion d’aliments végétaux versus animaux, qualité nutritionnelle, et niveau de transformation des aliments.

Pour répondre à cette problématique, les chercheurs ont utilisé les données de 63 835 participants de la cohorte NutriNet-Santé, suivis en moyenne pendant 9 ans. Ils ont d’abord calculé deux indices diététiques originaux :

  • hPDI (healthy Plant-Based Diet Index), représentant un régime végétal sain,
  • uPDI (unhealthy Plant-Based Diet Index), représentant un régime végétal considéré comme non sain.

Ensuite, ils ont créé quatre nouveaux indices innovants, basés sur les précédents mais pondérés par la proportion d’aliments non transformés (UnPF) ou ultra-transformés (UPF) consommés, selon la classification NOVA adaptée culturellement. Ces indices permettent d’évaluer non seulement l’origine et la qualité nutritionnelle des aliments, mais aussi leur degré de transformation, souvent négligé dans les études nutritionnelles.

Méthodologie détaillée

La consommation alimentaire a été évaluée à partir de questionnaires de 24 heures, avec quantification en grammes par jour des aliments ingérés. La classification NOVA distingue quatre groupes d’aliments selon leur degré de transformation, mettant l’accent sur la consommation d’aliments ultra-transformés (ex : plats préparés industriels, snacks, boissons sucrées) versus aliments non transformés ou peu transformés (ex : fruits, légumes frais, légumineuses, céréales complètes).

Les modèles statistiques utilisés – des modèles de Cox multivariés – ont ajusté les analyses pour différents facteurs confondants (âge, sexe, activité physique, antécédents, etc.), permettant d’estimer précisément le risque de maladies cardiovasculaires (maladies coronariennes et cérébrovasculaires) en fonction de ces indices diététiques.

Résultats clés : qualité et transformation, des facteurs déterminants

Les participants suivant un régime plus riche en aliments végétaux sains et non transformés, avec une moindre consommation d’aliments d’origine animale, avaient un risque réduit de 40 % de déclarer une maladie coronarienne au cours du suivi.
Pour ceux suivant un régime similaire mais plus riche en aliments ultra-transformés, aucune diminution comparable du risque n’a été observée.
Au contraire, ceux suivant un régime plus riche en aliments végétaux ultra-transformés et peu sains, et plus pauvre en aliments d’origine animale, avaient un risque accru de 40 % de déclarer une maladie coronarienne.

Conclusion : vers une nouvelle approche nutritionnelle

Cette étude met en avant la nécessité de dépasser une vision simpliste des régimes végétaux pour intégrer la qualité et la transformation alimentaire. Pour réduire efficacement le risque cardiovasculaire, il ne suffit pas de privilégier les aliments végétaux, il faut aussi favoriser leur qualité nutritionnelle et limiter les aliments ultra-transformés.

Ces données ouvrent des perspectives importantes pour les recommandations nutritionnelles et les politiques de santé publique, insistant sur l’importance d’une alimentation végétale, saine et peu transformée pour la prévention des maladies cardiovasculaires.

Par Clémentine Prioux, Emmanuelle Kesse-Guyot, Bernard Srour, Léopold K. Fézeu, Julia Baudry, Sandra Wagner, Serge Hercberg, Mathilde Touvier et Benjamin Allès

Crédit photo : anna-pelzer-IGfIGP5ONV0-unsplash

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