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Pollution de l’air liée au trafic routier et leucémie aiguë chez l’enfant en France : résultats de l’étude nationale GEOCAP

Introduction : Plusieurs facteurs environnementaux sont suspectés de contribuer au développement des leucémies aiguës (LA), les cancers les plus fréquemment diagnostiqués chez les enfants de moins de 15 ans. Parmi eux, la pollution de l’air liée au trafic routier suscite une attention particulière. Certains polluants, tels que le benzène et les particules fines, sont en effet classés comme cancérogènes avérés par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), sur la base d’études menées chez l’adulte. Chez les enfants, quelques travaux suggèrent une association entre pollution de l’air et risque de leucémie, mais ce lien doit être précisé. L’objectif de cette étude était d’évaluer si l’exposition aux polluants du trafic routier augmente le risque de leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL, représentant 80 % des LA) et de leucémies aiguës myéloïdes (LAM, 15 % des LA) chez les enfants.

Méthodes : Les données de l’étude cas-témoins nationale GEOCAP-Diag ont été utilisées. Cette étude inclut 4 611 cas de LAL et 830 cas de LAM, diagnostiqués entre 2002 et 2013 et identifiés via le Registre National des Cancers de l’Enfant (https://rnce.inserm.fr), ainsi que 60 189 témoins sélectionnés à partir de bases de données fiscales. Les concentrations moyennes annuelles de différents polluants liés au trafic routier (dioxyde d’azote, particules fines et carbone suie, un composant des particules fines) ont été estimées à l’adresse de résidence des enfants, au moment du diagnostic pour les cas et de l’inclusion pour les témoins. De façon complémentaire, nous avons évalué la longueur de routes majeures (à fort trafic) situées dans un rayon de 150 m autour du domicile des enfants.

Résultats : Une augmentation des concentrations en dioxyde d’azote, particules fines et carbone suie aux domiciles des enfants était associée à un risque accru de LAM. De même, plus la longueur des routes majeures situées autour du domicile était élevée, plus le risque de LAM chez les enfants était renforcé. Ces effets étaient particulièrement marqués dans les zones les plus urbanisées. À l’inverse, aucune augmentation de risque de LAL n’était observée avec les différents indicateurs d’exposition au trafic routier.

Conclusion : Les résultats de cette étude mettent en évidence un effet de l’exposition aux polluants de l’air liée au trafic routier sur le risque de LAM, confirmant le rôle potentiel de ces polluants dans le développement de certaines leucémies pédiatriques.

Par Charlotte Salmon

charlotte.salmon@inserm.fr

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