Incidence, facteurs de risque et conséquences de l’infection à SARS-CoV-2 chez les femmes enceintes en France, l’étude COROPREG
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les femmes enceintes ont été considérées comme un groupe à risque, notamment du fait des premières publications sur le sujet. Ces premières études publiées comportaient de nombreux biais puisqu’elles étaient pour la plupart limitées aux cas hospitalisés, entrainant ainsi un biais dans la sélection de la population étudiée et que la sévérité de l’infection était souvent uniquement basée sur des critères de prise en charge, variables selon les hôpitaux, les pays et au cours du temps. Il était donc nécessaire d’avoir des données robustes, en population et à grande échelle, pour documenter de façon fiable l’impact de la COVID-19 pendant la grossesse.
L’étude Coropreg a été menée entre mars 2020 et avril 2021 dans 281 maternités de 6 régions françaises, représentant 60 % des naissances du pays et a permis d’inclure 6222 femmes infectées par le SARS-CoV-2 pendant leur grossesse ou juste après l’accouchement. Elle visait à 1) estimer l’incidence de l’infection maternelle à COVID-19 en France sur cette période ; 2) identifier les facteurs de risque de développer une forme grave ; 3) décrire les conséquences de l’infection sur l’accouchement, la santé des mères et des enfants.
Elle comprenait la construction d’une définition composite de la sévérité combinant des critères de dysfonction d’organes -cliniques, biologiques et de prise en charge.
Les principaux résultats :
- Environ 6 femmes sur 1000 ont présenté une forme grave de la maladie pendant la grossesse ou dans le post-partum immédiat.
- Ces formes graves touchaient 5,6 % des femmes infectées en moyenne, avec des pics à 8,6 % lors de la première vague et 9,3 % lors de la troisième vague (variant Alpha).
- Le risque de développer une forme grave était plus élevé chez les femmes âgées de moins de 20 ans ou de plus de 35 ans, originaires du Maghreb ou d’Afrique Subsaharienne, vivant dans un logement avec plus de 4 personnes, en surpoids ou obèses, ayant un diabète ou une l’hypertension artérielle préexistants à la grossesse et ayant été infectées après la 22ème semaine de grossesse.
- Les complications néonatales semblaient être limitées aux infections maternelles sévères et, dans une large mesure, attribuables à la prématurité induite.
Conclusion
- Les formes graves de COVID-19 maternelle sont moins fréquentes que dans les premières études
- Elles touchent préférentiellement des femmes vulnérables sur le plan social et/ou médical.
- Les conséquences pour l’enfant sont surtout graves lorsque la mère est atteinte sévèrement, notamment pour les nourrissons nés prématurément.
- La mise en place d’un système permanent de surveillance en périnatalité apparait crucial pour disposer d’informations rapides et mieux gérer les futures pandémies.
Pour accéder à la publication : Incidence, Risk Factors and Outcomes of SARS-CoV-2 Infection in Pregnant Women: The COROPREG Population-Based Study. Paediatr Perinat Epidemiol. 2025 May 21.
Par Catherine Deneux, Caroline Diguisto, Aurélien Seco, Pierre-Yves Ancel