Aliments ultra-transformés et Santé dans « La Science, CQFD » sur France Culture
Mélanie Deschasaux-Tanuy et Benjamin Allès, chercheurs de l’équipe EREN du CRESS, et Benoit Chassaing, chercheur à l’Institut Pasteur étaient invités dans l’émission « La Science, CQFD » sur France Culture le mardi 13 mai pour aborder les effets santé des aliments ultra-transformés.
Cette émission animée par Natacha Triou a permis de revenir sur le concept d’aliments ultra-transformés et sur les liens entre consommation d’aliments ultra-transformés et santé en abordant les méthodes utilisées dans les études scientifiques, les mécanismes possibles, en particulier leur impact sur le microbiote intestinal, et les enjeux en termes de santé publique.
Les aliments ultra-transformés désignent des aliments ayant subis d’importants procédés de transformation chimiques, physiques ou biologiques et/ou comprenant des additifs « cosmétiques » non indispensables à la sécurité sanitaire des aliments ou encore des ingrédients industriels (exemple : maltodextrines). Le concept d’aliments ultra-transformés est issu de la classification NOVA proposée par le Pr Carlos Monteiro au Brésil en 2009 qui définit 4 catégories d’aliments (aliments peu ou pas transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés, aliments ultra-transformés). En France, les aliments ultra-transformés représentent environ 30% des aliments consommés ; cette proportion atteint presque 60% aux Etats-Unis.
Depuis une dizaine d’années plus de 80 études prospectives ont été conduites dans différents pays et ont mis en évidence des associations entre une part plus importante d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation et un risque accru de maladies chroniques. Dans la cohorte NutriNet-Santé, ces associations ont notamment été observées avec le risque de cancer, de maladies cardiovasculaires, de surpoids et d’obésité, de diabète de type 2, de mortalité, ou de symptômes dépressifs. Ces résultats ont d’ores et déjà conduit à modifier les recommandations nutritionnelles dans plusieurs pays dont la France, qui encouragent à limiter leur consommation.
Parmi les mécanismes pouvant expliquer les associations observées entre consommation d’aliments ultra-transformées et santé, on peut citer une moindre qualité nutritionnelle en moyenne de ces aliments, un impact de la modification de la structure de ces aliments sur la vitesse de consommation ou sur leur digestibilité, la présence d’additifs et autres ingrédients industriels, la présence de contaminants issus des procédés de transformation, ou encore la migration de contaminants issus des emballages. Des recherches sont encore nécessaires pour mieux comprendre ces mécanismes. En particulier Mathilde Touvier, directrice de l’équipe CRESS-EREN coordonne de vastes programmes de recherche portant sur l’impact sur la santé des additifs alimentaires (ERC ADDITIVES) et des matériaux au contact des aliments (Inserm-Impact Santé FOODCONTACT).
Pour sélectionner des produits non ultra-transformés, le consommateur peut s’aider d’applications comme Open Food Facts, application participative qui donne de nombreuses informations sur les aliments et boissons, y compris la classification NOVA. D’autres propositions sont à l’étude, par exemple l’ajout d’un bandeau noir autour du Nutri-Score, signalant qu’un produit est ultra-transformé.
Pour en savoir plus, voir le cours de Mathilde Touvier au Collège de France : « Ultra-transformation », « ultra-formulation » et additifs alimentaires : est-on allés trop loin ? Quels impacts sur notre santé ?
Par Mélanie Deschasaux-Tanguy