Hospitalisation pour maltraitance physique infantile avant hospitalisation pour ostéogenèse imparfaite ou hémophilie sévère : étude de cohorte nationale en France
Contexte : Il est très important de diagnostiquer rapidement et correctement les cas de maltraitance physique chez les jeunes enfants pour éviter que cela ne se reproduise et pour protéger les victimes. Cependant, certains enfants peuvent avoir des maladies dont les signes et symptômes ressemblent à ceux de la maltraitance physique, comme l’ostéogenèse imparfaite (plus connue sous le nom de la maladie des os de verre, qui augmente le risque de fractures) ou l’hémophilie sévère (qui peut provoquer des saignements importants). Il est donc essentiel de distinguer ces maladies de la maltraitance afin d’éviter tout risque d’erreur de diagnostic. L’objectif de notre étude était d’évaluer le risque d’hospitalisation pour maltraitance physique infantile avant qu’un diagnostic d’ostéogenèse imparfaite ou d’hémophilie ne soit posé.
Méthodes : Nous avons utilisé une base de données nationale regroupant l’ensemble des hospitalisations en France. Nous avons suivi tous les enfants nés entre 2010 et 2019 jusqu’à l’âge de 2 ans, afin de déterminer le nombre d’entre eux ayant été hospitalisés pour maltraitance, ostéogenèse imparfaite ou hémophilie.
Résultats : Parmi plus de 6 millions d’enfants, environ 2 000 ont été hospitalisés pour maltraitance avant l’âge de 2 ans, 160 pour ostéogenèse imparfaite et 400 pour hémophilie. Parmi les enfants hospitalisés pour maltraitance, 99,9% n’ont pas été hospitalisés par la suite pour ostéogenèse imparfaite ou hémophilie. Seulement 3 enfants ont ensuite été hospitalisés pour ostéogenèse imparfaite, en moyenne dans un délai de 9 mois, et aucun pour hémophilie. Le risque qu’un enfant hospitalisé pour ostéogenèse imparfaite ait d’abord été hospitalisé pour maltraitance était très faible (environ 2%) et ce risque était 57 fois plus élevé que chez les enfants sans ostéogenèse imparfaite.
Conclusions : Ces résultats montrent que les cliniciens distinguent presque toujours la maltraitance de l’ostéogénèse imparfaite ou de l’hémophilie sévère. Nos résultats apportent des arguments à l’encontre des hypothèses dites « dénialistes » qui suggèrent que les lésions observées dans la maltraitance physique infantile sont liées à des affections génétiques rares non diagnostiquées.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0145213425003370
Par Flora Blangis