Mode de vie parental dans les 1000 premiers jours et risque de surpoids et d’obésité dans l’enfance.
Le surpoids et l’obésité touchent plus de 350 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde, dont près de 40 millions d’enfants de moins de 5 ans. En Europe, entre 13 et 23% des enfants de 2 à 6 ans sont en situation de surpoids ou obésité, avec de fortes inégalités sociales observées. Cette forte prévalence observée dès la petite enfance suggère la présence de facteurs de risque intervenant très tôt dans la vie. La période des « 1000 premiers jours », de la conception aux deux ans de l’enfant, apparaît comme une fenêtre d’opportunité unique pour mettre en place des stratégies de prévention du surpoids et favoriser la santé future de l’enfant. Bien que l’obésité ait une étiologie complexe, jusqu’à 50% des cas chez l’enfant pourraient être liés à des facteurs de risque modifiables dans l’environnement familial. Plusieurs études ont montré qu’une faible qualité de l’alimentation maternelle, la sédentarité ou le tabagisme pendant la grossesse augmentent le risque de surpoids et d’obésité chez l’enfant. Pourtant, ces facteurs ont souvent été analysés isolément, alors qu’ils coexistent fréquemment au sein du mode de vie familial et peuvent interagir de façon synergique.
Dans le cadre du projet européen EndObesity (https://www.healthydietforhealthylife.eu/project/endobesity), les travaux de Marion Lecorguillé et Adrien Aubert, 2 post-doctorants de l’équipe OPPaLE du CRESS, ont montré qu’un mode de vie parental défavorable – incluant une faible qualité de l’alimentation, un tabagisme parental, un statut pondéral élevé, un faible niveau d’activité physique ou un comportement sédentaire – était associé à un risque augmenté de surpoids et d’obésité chez l’enfant entre 5 et 12 ans [1, 2]. Une approche socio-écologique a permis d’identifier les déterminants sociaux de ces modes de vie parentaux [3]. Une position socio-économique élevée, une origine géographique étrangère, la résidence dans un environnement plus favorisé ainsi que la participation à des séances de préparation à la naissance sont associées à des modes de vie parentaux plus favorables à la santé pendant la grossesse. Ensemble, ces résultats illustrent l’importance de promouvoir un mode de vie familial favorable au cours de la période des 1000 premiers jours afin de prévenir le risque futur de surpoids et d’obésité chez l’enfant. Nos conclusions soulignent la nécessité de prendre en compte les caractéristiques individuelles, mais aussi les facteurs structurels qui influencent les modes de vie des parents afin de réduire plus efficacement les inégalités sociales en matière de santé au sein des familles.
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https://chifha.med.lmu.de/course/index.php?categoryid=100
Travaux publiés :
- [1] Lecorguillé M, Schipper MC, O’Donnell A, et al. Impact of parental lifestyle patterns in the preconception and pregnancy periods on childhood obesity. Front Nutr. 2023;10:1166981. doi:10.3389/fnut.2023.1166981. Lire l’article ici [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37275643/]
- [2] Aubert AM, Lecorguillé M, Schipper MC, et al. Healthy Lifestyle in the First 1000 Days and Overweight and Obesity Throughout Childhood. Pediatrics. 2025;155(2):e2024066406. doi:10.1542/peds.2024-066406. Lire l’article ici [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39875089/]
- [3] Lecorguillé M, Schipper MC, Aubert AM, et al. Socioecological correlates of parental lifestyle patterns during the antenatal period. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025;22(1):18. doi:10.1186/s12966-024-01697-1. Lire l’article ici [https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39948636/]
Adrien Aubert, adrien.aubert@inserm.fr ;
Marion Lecorguillé, marion.lecorguille@inserm.fr