Doctorat

Docteur : Bernard Srour

Titre : Transformation des aliments et risque de pathologies chroniques dans la cohorte NutriNet-Santé

Encadrante : Mathilde Touvier

Ecole doctorale : ED 146 Ecole Doctorale Galilée, Université Sorbonne Paris Nord

Date de soutenance : 11/2019

Jury : Serge Hercberg

Résumé :

Au cours des dernières décennies, les régimes alimentaires de nombreux pays ont connu une augmentation importante du degré de transformation et de formulation des produits. Plusieurs caractéristiques des aliments ultra-transformés ont incité les chercheurs à investiguer l’impact potentiel de leur consommation sur la santé. Les aliments ultra-transformés ont en moyenne une moins bonne qualité nutritionnelle, comparée à celle des aliments non transformés, se caractérisant souvent par une teneur plus élevée en graisses saturées, en sucres ajoutés et en sel, ainsi que par une teneur plus faible en fibres et vitamines. Ces aliments contiennent souvent des additifs alimentaires, des composés néoformés, et sont en général conditionnés dans des matériaux d’emballage contenant des substances susceptibles de migrer vers la matrice alimentaire. Nous avons investigué, au sein de la cohorte française NutriNet-Santé, les associations entre la consommation d’aliments ultra-transformés et les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de surpoids, d’obésité et de trajectoires pondérales. Plus de 100 000 adultes ont été inclus. Les apports alimentaires et nutritionnels ont été collectés à l’aide d’enregistrements alimentaires de 24h répétés, conçus pour enregistrer la consommation habituelle des participants de plus de 3 500 produits alimentaires. Ces aliments ont été classés selon la classification NOVA en fonction de leur degré de transformation. La survenue de maladies chroniques et de variation pondérale pendant le suivi a été observée grâce à une stratégie multi-source incluant un couplage avec les bases de données médico-administratives.Ces travaux ont mis en évidence des associations significatives et robustes entre la consommation d’aliments ultra-transformés et l’augmentation des risques de cancer au global, cancer du sein, de maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires et coronariennes, de diabète de type 2, de surpoids, d’obésité et de prise de poids. Ces analyses ont pris en compte un grand nombre de facteurs sociodémographiques, anthropométriques, de mode de vie, médicaux, comportementaux et nutritionnels. Les associations significatives ont persisté après de multiples analyses de stratification et de sensibilité. Au-delà de la qualité nutritionnelle, divers aspects de la transformation et de la reformulation pourraient jouer un rôle dans ces associations, et des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les contributions de ces aspects, les mécanismes sous-jacents, et établir un lien de causalité. Les autorités de santé publique dans plusieurs pays recommandent depuis récemment de privilégier les aliments peu ou pas transformés, et de limiter la consommation des aliments ultra-transformés.

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