Doctorat

Docteure : Astrid Chevance

Titre : Nouvelles méthodes pour le développement de Core Outcome Sets : l’exemple de la dépression

Encadrants : Philippe Ravaud, Viet-Thi Tran

Ecole doctorale : ED 393 Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, Université Paris Cité

Date de soutenance : 16/12/2020

Jury : Raphaël Gaillard, Marie Tournier, Marie Herr, Pierre Thomas, Philippe Ravaud, Viet-Thi Tran.

Résumé :

De nombreuses interventions visant à soigner la dépression sont disponibles à ce jour, comme les antidépresseurs, les psychothérapies, ou les techniques de neurostimulation. L’efficacité et la sécurité de ces différentes interventions sont évalués dans des essais cliniques contrôlés randomisés (ECR), par des critères de jugement. Cependant, l’hétérogénéité des critères de jugement mesurés au sein des ECR de la dépression empêche la comparaison et la combinaison de leurs résultats dans les méta-analyses. De plus, la pertinence de ces critères de jugement pour la pratique clinique est souvent limitée. Pour répondre à ces problèmes, un moyen envisagé est de développer un ensemble minimal de critères de jugement à rapporter dans tous les ECR de la dépression, c’est-à-dire un « Core Outcome Set » (COS). Dans ce travail, nous présentons de nouvelles méthodes pour développer les COS, impliquant davantage les patients. Améliorer qualitativement et quantitativement la participation des patients et de tous les acteurs des ECR vise à renforcer leur généralisabilité et leur crédibilité, et donc, potentiellement, leur utilisation dans les ECR. Concernant les critères d’efficacité des interventions, nous avons développé une méthode pour identifier les domaines à inclure dans le COS. Elle consiste à réaliser une étude internationale auprès de patients, de leurs proches, ainsi que de cliniciens en posant quelques questions ouvertes sur leurs attentes par rapport aux interventions thérapeutiques. La preuve de concept a été réalisée par l’étude PROCEED qui a inclus 1912 patients, 464 proches et 627 cliniciens et qui a identifié 80 domaines candidats, dont la plupart, comme la douleur mentale n’est jamais mesurée dans les ECR. Cette étude représente la première étape du développement d’un COS pour évaluer l’efficacité des interventions thérapeutiques de la dépression. Concernant la sécurité des interventions, nous avons définis quels évènements indésirables (EI) devrait inclure un COS de sécurité : 1) les EI graves (au sens de la FDA) inattendus qui surviennent dans les ECR, 2) les EI graves attendus, 3) une liste d’EI non-graves mais considérés comme délétères pour les patients. Nous proposons une méthode permettant d’identifier la liste des EI non-graves mais considérés comme délétères pour les patients en 1) identifiant les EI non graves d’une pathologie donnée par une revue systématique des ECR, 2) réalisant une étude de préférence auprès des patients et des cliniciens pour déterminer les EI non-graves mais considérés comme délétères. En prenant l’exemple des ECR des antidépresseurs, nous avons fait la preuve de concept de cette méthode au cours d’une étude impliquant 1631 patients et 282 cliniciens. Les participants ont classé les 30 EI non-graves les plus fréquemment rapportés dans les ECR évaluant les antidépresseurs. Ceux considérés comme les plus délétères étant l’insomnie, la dysfonction sexuelle, la prise de poids, l’anxiété, la fatigue et l’agitation. Ce travail de recherche a produit de nouvelles méthodes pour le développement des COS permettant une meilleure inclusion quantitative et qualitative de tous les acteurs importants des ECR, avec au premier plan, les patients. Par ailleurs, nous avons conceptualisé et proposé des méthodes pour la sélection de critères de jugement de sécurité, alors que jusqu’ici, les efforts des initiatives de recherche sur les COS s’étaient concentrés sur les critères d’efficacité. Concernant plus précisément le champ de l’évaluation des thérapeutiques de la dépression, ce travail a permis d’identifier des domaines d’efficacité et de sécurité importants pour les patients et les cliniciens alors qu’aucune recherche n’avait été dédiée à ce sujet. Alors que la recherche sur les COS s’est focalisée sur leur développement, il apparaît de plus en plus évident que la priorité doit être d’augmenter leur utilisation dans les ECR, au risque sinon de contribuer au gâchis de la recherche plutôt que de le résorber.

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