Doctorat

Docteure : Eve Reynaud

Titre : Étude des réveils nocturnes et du comportement de l’enfant de 2 à 5 ans dans la cohorte EDEN : une approche développementale

Encadrante : Sabine Plancoulaine

Ecole doctorale : ED 393 Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, Université Paris Cité

Date de soutenance : 27/09/2017

Jury : Sabine Plancoulaine, Maria Melchior, Bruno Falissard, Carmen Schröder, Karen Spruyt, Michel Lecendreux

Résumé :

  • La structure du sommeil évolue grandement dans les premières années de vie. Les réveils nocturnes occasionnels chez les enfants d’âge préscolaire font partie d’un processus normal de développement et de maturation du sommeil. Ils sont cependant considérés comme anormalement fréquents lorsqu’ils surviennent une nuit sur deux ou plus. La littérature suggère que les réveils nocturnes fréquents sont associés de manière transversale à des difficultés comportementales du jeune enfant. Or, l’évolution des réveils nocturnes dans la petite enfance, les facteurs associés à leurs trajectoires et les liens longitudinaux avec le comportement sont peu connus. Objectifs : Modéliser l’évolution des réveils nocturnes entre l’âge de 2 et 5-6 ans et explorer leurs liens avec des facteurs précoces familiaux et de l’enfant. Analyser les associations entre les trajectoires de réveils nocturnes et le comportement de l’enfant avant l’entrée à l’école. Population et méthode : Nos analyses ont porté sur les données de l’étude EDEN. Il s’agit d’une cohorte mère enfant, qui a recruté 2 002 femmes enceintes entre 2003 et 2006 dans les maternités de Nancy et Poitiers. Les réveils nocturnes et le comportement ont été mesurés par des questionnaires parentaux à l’âge de 2, 3 et 5-6 ans. La méthode du « group-based trajectory modeling » nous a permis de modéliser l’évolution des réveils nocturnes et de difficultés d’attention, et ainsi d’identifier des trajectoires, décrivant différentes histoires développementales entre l’âge de 2 et 5-6 ans. Les analyses statistiques pour mesurer les associations entre les trajectoires de réveils nocturnes, les facteurs précoces et le comportement de l’enfant, ont été faites par régressions logistiques, ajustées sur les facteurs de confusion potentiels. Résultats : Deux trajectoires distinctes de réveils nocturnes ont été identifiées chez les enfants entre 2 et 5-6 ans. L’une, nommée “réveils nocturnes rares”, représentait 77% des enfants. Ce groupe suivait une trajectoire linéaire proche de zéro et légèrement décroissante avec le temps. La seconde trajectoire, nommée « réveils nocturnes communs », représentait 23% des enfants. Elle était plus haute que la première trajectoire à chaque point de suivi, et présentait un pic à l’âge de 3 ans. Les facteurs de risque d’appartenir à la trajectoire de « réveils nocturnes communs » étaient essentiellement environnementaux : l’exposition au tabagisme passif, un mode de garde collectif et le temps passé devant la télévision. Les enfants appartenant à la trajectoire de réveils nocturnes communs présentent un risque accru de présenter des symptômes émotionnels, des problèmes de conduite et des problèmes d’hyperactivité/inattention à l’âge de 5-6 ans. Aucune association n’a été trouvée avec le comportement pro-social ou avec les problèmes de relations avec les pairs. Trois trajectoires d’inattention/hyperactivité ont été identifiées, une trajectoire basse, intermédiaire et une haute, toutes trois stables au cours du temps. Le risque d’appartenir à une trajectoire haute d’inattention/hyperactivité, par rapport à une trajectoire basse, était quatre fois plus important pour les enfants avec une trajectoire de « réveils nocturnes communs » comparativement à ceux avec trajectoire de « réveils nocturnes rares ». Conclusion : Les réveils nocturnes et les troubles d’inattention/hyperactivité persistent dans la petite enfance. Une trajectoire de réveils nocturnes communs durant cette période est un facteur de risque de plusieurs troubles du comportement : symptôme émotionnel, troubles de conduites et inattention/hyperactivité. Ces derniers co-évoluent avec les troubles du sommeil. Nos résultats soulignent l’importance d’identifier et de prendre en charge les difficultés de sommeil dès le plus jeune âge, surtout en présence de difficultés de comportement.
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