Doctorat

Docteur : Manik Kadawathagedara

Titre : Alimentation maternelle pendant la grossesse et croissance précoce : qualité de l’alimentation et exposition aux contaminants alimentaires

Encadrante : Blandine de Lauzon-Guillain

Ecole doctorale :ED 420. Ecole Doctorale de Santé Publique, Université Paris Saclay

Date de soutenance : 16/01/2018

Jury : Blandine de Lauzon-Guillain, Marie-Christine Boutron-Ruault, Martine Vrijheid, Isabelle Momas, Katia Castetbon, Jean-François Huneau, Claire Philippat

Résumé :

  • Des études épidémiologiques ont montré qu’une restriction nutritionnelle pendant la grossesse pouvait conduire à une réponse adaptative du fœtus conduisant à une altération durable du métabolisme. Ainsi, les enfants nés avec un petit poids de naissance sont plus à risque de développer des maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. L’exposition à des contaminants obésogènes pourrait également jouer un rôle dans l’augmentation du risque d’obésité. L’alimentation est une des principales voies d’exposition à ces contaminants. Après une description de la qualité de l’alimentation pendant la grossesse, l’objectif était d’étudier l’association entre l’exposition prénatale aux contaminants alimentaires et la croissance des enfants.MéthodesLes données de trois cohortes de naissance ont été utilisées : deux études françaises (EDEN et ELFE), et une étude norvégienne (MoBa). Les femmes de ces cohortes, ont rempli un questionnaire de fréquence alimentaire (QFA) portant sur l’alimentation pendant la grossesse. L’évaluation des contaminants a été réalisée en combinant le QFA et des bases de données de contamination, la deuxième Etude de l’Alimentation Total (EAT2) française pour EDEN et plusieurs bases de données de contamination pour MoBa. Premièrement dans ELFE, nous avons créé un score de qualité de l’alimentation et un score spécifique à la grossesse, puis nous avons étudié les facteurs associés à une meilleure qualité alimentaire. Ensuite, nous avons examiné l’association entre la qualité de l’alimentation et la croissance prénatale. Deuxièmement, nous avons étudié la relation entre un contaminant alimentaire : l’acrylamide (AA), et la croissance prénatale, dans EDEN, et la croissance postnatale, dans MoBa. Troisièmement, nous avons étendu nos analyses à tous les contaminants alimentaires de l’EAT2, en analysant les composés pris individuellement, puis considérés en mélange.RésultatsPremièrement, nous avons montré que les recommandations générales et spécifiques étaient globalement bien suivies par les femmes enceintes. Certaines caractéristiques socioéconomiques ou démographiques étaient associées à la fois au score de qualité de l’alimentation et au score spécifique de la grossesse telles que l’âge à l’accouchement, niveau d’étude et revenu du foyer et le tabagisme. Un score élevé de qualité de l’alimentation était associé à un poids de naissance plus élevé et un risque plus faible d’avoir un enfant petit pour l’âge gestationnel (PAG).Deuxièmement, nous avons montré que plus l’exposition pendant la grossesse à l’AA est importante, plus la taille de naissance était faible et plus le risque de PAG est élevé. Dans MoBa, nous avons constaté que l’exposition prénatale à l’AA était associée à une prévalence accrue d’enfants en surpoids ou obèses et à une plus grande vitesse de croissance du poids durant l’enfance.Dans EDEN, sur les 99 composés chimiques sélectionnés, le poids de naissance était associé négativement à l’exposition à quatre contaminants alimentaires et positivement à l’exposition à quatre autres. L’IMC à 5 ans était associé négativement à un contaminant. Aucune de ces associations étaient statistiquement significative après prise en compte de la multiplicité des tests. Lorsque les composés chimiques étaient considérés en mélanges, un mélange de contaminants était positivement associé au poids de naissance et aucun mélange n’était associé à l’IMC à 5 ans.ConclusionUne qualité de l’alimentation élevée est associée à un poids de naissance plus élevé et une diminution du risque de PAG, alors que l’exposition alimentaire à l’AA est associée à une altération de la croissance fœtale. L’exposition prénatale aux contaminants alimentaires, évaluée à partir des données d’EAT, ne semble pas préoccupante vis-à-vis de la croissance prénatale et postnatale précoce car les effets retrouvés sont de faible amplitude et ne sont plus significatifs après prise en compte des tests multiples.
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