La “douleur mentale” est une forme de douleur ressentie dans l’esprit plutôt que le corps. Elle se distingue de la douleur psychogénique (douleur ressentie dans le corps causé par un fait psychologique).
Bien que possédant des liens établis avec divers troubles psychiatriques et la suicidalité, le phénomène n’a pas de définition ou d’échelle de mesure consensuelle, a contrario de la douleur physique.
Ceci limite la recherche dessus ou sa prise en charge efficace dans les soins. Dans ce contexte, nous avons mené une revue systématique et une métasynthèse qualitative pour mieux la caractériser grâce à l’ensemble des témoignages de son vécu en première personne.
L’analyse a porté sur 49 études totalisant 1 467 participants sur les cinq continents. Cinq caractéristiques centrales de la douleur mentale ont été mises en évidence : celle-ci est ressentie comme immédiate, déplaisante jusqu’à l’aversion, perturbant l’identité, invisible, et souvent pire que la douleur physique. De plus, nous proposons un modèle hypothétique d’émergence de la douleur mentale : elle apparaît comme signal d’une menace perçue à l’intégrité du sens de soi.
Ces résultats offrent première base pour développer une définition consensuelle de la douleur psychique et des outils cliniques mieux adaptés.


Par Astrid Chevance
astrid.chevance@aphp.fr