Contexte

Les « 1000 premiers jours » (de la conception aux deux ans de l’enfant) constituent une fenêtre décisive pour le développement de l’enfant et sa santé future. Au cours de cette période, les apports nutritionnels en acides gras polyinsaturés (AGPI) oméga 3 et oméga 6 jouent un rôle clé dans l’édification du cerveau. Ces apports dépendent de l’alimentation de la femme enceinte ou allaitante, et du métabolisme individuel. Le niveau d’exposition aux AGPI s’évalue par leur teneur dans des fluides biologiques (sang, globules rouges, plasma, lait). Nos précédents travaux ont montré qu’un déséquilibre entre AGPI oméga 3 et 6 dans l’alimentation pendant la grossesse et dans la composition du lait maternel étaient associées à un développement cognitif général moins favorable chez le jeune enfant (Bernard et al, 2015 & 2017). Ce déséquilibre pourrait aussi jouer un rôle dans l’apparition de troubles neurodéveloppementaux plus spécifiques tels les troubles dys. Ces troubles affectent les apprentissages précoces (e.g. langage, coordination motrice) ou scolaires et handicapent l’ensemble du parcours de vie, mais leur étiologie reste mal comprise.

Objectif

Notre objectif est d’étudier le rôle de l’exposition aux AGPI durant les 1 000 premiers jours sur le développement des troubles dys et reposera sur l’analyse épidémiologique des données des cohortes de naissance françaises EDEN et Elfe, qui comptent respectivement 1 907 et 18 329 mères et leur enfant. Le suivi des enfants inclut des évaluations régulières et approfondies des fonctions cognitives et des troubles des apprentissages.

Organisation et déroulement du projet

Le projet s’articule autour des quatre objectifs spécifiques suivants et illustrés sur le schéma conceptuel ci-après (Figure 1) :

  1. Caractériser et décrire les expositions aux AGPI des enfants des deux cohortes
  2. Caractériser les troubles dys aux différents âges de ces enfants
  3. Étudier le rôle des AGPI dans les troubles dys
  4. Communiquer et disséminer les résultats

Figure 1. Objectifs spécifiques du projet ODYCÉ

Partenariat

Le projet ODYCÉ coordonné par B Heude est financé par le Mécénat des Mutuelles AXA et implique 3 équipes de recherche : l’équipe de recherche sur les déterminants précoces de la santé (EAROH) du CRESS (UMR1153 Inserm-Université Paris Cité ; https://cress-umr1153.fr/fr/teams/earoh/), l’équipe de recherche sur les développements cognitif et normal du Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique (LSCP – ENS, EHESS, CNRS, Ecole Normale Supérieure, PSL University ; https://lscp.dec.ens.fr/en), et l’équipe « Système cardiovasculaire » du CRMBM (UMR7339 CNRS-AixMarseille Université ; http://crmbm.univ-amu.fr/).

Résultats attendus

Sur le plan scientifique, les analyses du matériel biologique de la cohorte Elfe enrichiront la base de données déjà disponible pour EDEN, et génèreront des informations essentielles dans la compréhension des relations entre AGPI et neurodéveloppement typique de l’enfant.

Dans la cohorte EDEN, les premiers résultats concernant les déterminants nutritionnels et génétiques de l’exposition périnatale aux acides gras polyinsaturés ont fait l’objet d’une publication dans Journal of Lipid research (DOI: 10.1016/j.jlr.2024.100562). Les liens entre cette exposition et le neurodéveloppement de l’enfant à 5 ans en utilisant une approche conventionnelle et par randomisation mendélienne sont en cours d’analyse et feront l’objet d’une prochaine publication.

 

En termes de santé publique, les données scientifiques à acquérir sont indispensables pour assoir des recommandations nutritionnelles ciblant les femmes en âge de procréer, enceintes ou allaitantes, les nourrissons et jeunes enfants, qui soient fondées sur des preuves et plus adaptées à la santé cognitive de ces derniers. Ces données nationales représentatives du territoire français seront exploitables par différents organismes de santé dans le contexte des « 1 000 premiers jours ». Enfin, nous veillerons à vulgariser nos résultats dans la presse et sur les médias sociaux afin de sensibiliser les professionnels de santé et le grand public sur l’importance de la prévention précoce par l’alimentation.

Financeur

Le projet ODYCÉ est financé par le Mécénat des Mutuelles AXA 2022.

Partenaires

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