Le 13 février, l’Inserm et l’INRAE publiaient un communiqué de presse sur le lien entre les additifs alimentaires émulsifiants et le risque de cancers accru, notamment des cancers du sein et de la prostate. Le communiqué s’appuie sur les résultats de recherche parus dans PLoS Medicine.
Cette étude a été menée par différentes structures, dont des chercheurs et chercheuses du CRESS, Mathilde Touvier et Bernard Srour, co-auteurs principaux de l’étude, et a analysé les données de santé de plus de 92 000 adultes participants à la cohorte française NutriNet-Santé, au regard de leur consommation de certains émulsifiants alimentaires.
Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus couramment utilisés dans les aliments industriels transformés et emballés.
Le communiqué indique que : « certaines recherches récentes suggèrent que les émulsifiants pourraient perturber le microbiote intestinal et augmenter le risque d’inflammation, pouvant potentiellement favoriser la survenue de certains cancers. Pour la première fois au niveau international, une équipe de chercheuses et chercheurs français s’est intéressée aux relations entre les apports alimentaires en émulsifiants et le risque d’apparition de plusieurs localisations de cancers dans une grande étude en population générale. »
Les résultats, fruits de plusieurs années de recherche, s’appuient sur les données françaises de la cohorte NutriNet-Santé, dont 92 000 adultes ont participé entre 2009 et 2021. Les participants ont déclaré la survenue de cancers (2 604 cas diagnostiqués) au cours de leur suivi de la cohorte, et un comité médical a validé ces déclarations après examen des dossiers médicaux.
« Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont constaté que des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global, de cancers du sein, et de cancers de la prostate. D’autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles. »
Cette recherche est la première dans le monde à suggérer des liens entre les émulsifiants et le risque de cancer. Cependant, l’étude présente quelques limites, comme le suggère l’article de presse, en particulier son schéma observationnel qui ne permet pas de conclure à un lien causal sans prendre en compte d’autres études. Cependant :
« Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », expliquent Mathilde Touvier et Bernard Srour, principaux auteurs de l’étude.
© Crédit photo : Mathilde Touvier
Liens :
https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1004338