La consommation de certains additifs alimentaires émulsifiants serait associée à un risque accru de diabète de type 2
Le 24 avril, l’Inserm et l’INRAE publiaient un communiqué de presse sur le lien entre les additifs alimentaires émulsifiants et le risque de diabète. Le communiqué s’appuie sur les résultats de recherche parus dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology. Les résultats de cette recherche suggèrent une association entre l’ingestion chronique de certains additifs émulsifiants et un risque accru de diabète.
Cette étude a été menée par différentes structures, dont des chercheurs et chercheuses du CRESS, Mathilde Touvier et Bernard Srour, co-auteurs principaux de l’étude, et a analysé les données de santé de plus de 92 000 adultes participants à la cohorte française NutriNet-Santé, au regard de leur consommation de certains émulsifiants alimentaires.
Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus couramment utilisés dans les aliments industriels transformés et emballés.
Le communiqué indique que : « [les émulsifiants] sont souvent ajoutés aux aliments industriels transformés et emballés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts, yaourts, glaces, barres chocolatées, pains industriels, biscottes, margarines et plats préparés, afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation. Ils comprennent notamment les mono- et diglycérides d’acides gras, les carraghénanes, les amidons modifiés, les lécithines, les phosphates, les celluloses, les gommes et les pectines. »
Les résultats, fruits de plusieurs années de recherche, s’appuient sur les données françaises de la cohorte NutriNet-Santé entre 2009 et 2023 (104 139 adultes).
« Au cours du suivi, les participants ont déclaré la survenue de diabète (1 056 cas diagnostiqués), et les déclarations ont été validées grâce à une stratégie multi-sources (incluant la déclaration et le remboursement d’anti-diabétiques). Plusieurs facteurs de risque bien connus pour le diabète, notamment l’âge, le sexe, le poids (IMC), le niveau d’éducation, les antécédents familiaux, le tabagisme, l’alcool et les niveaux d’activité physique, ainsi que la qualité nutritionnelle globale de l’alimentation (dont les apports en sucre) ont été pris en compte dans l’analyse.»
Cette étude constitue une première exploration de ces relations mais d’autres investigations sont désormais nécessaires pour établir des liens de causalité. Cependant, l’étude présente quelques limites, comme le suggère l’article de presse, « telles que la prédominance des femmes dans l’échantillon, un niveau d’éducation plus élevé que la population générale, ainsi que des comportements généralement plus favorables à la santé parmi les participants de l’étude NutriNet-Santé ». Cependant :
« Ces résultats sont issus d’une seule étude observationnelle pour le moment, et ne permettent pas à eux seuls d’établir un lien de cause à effet. Ils doivent être reproduits dans d’autres études épidémiologiques à travers le monde, et complétés par des études expérimentales toxicologiques et interventionnelles, pour éclairer davantage les mécanismes liant ces additifs émulsifiants et la survenue du diabète de type 2. Ils donnent des éléments clés pour enrichir le débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », expliquent Mathilde Touvier et Bernard Srour, principaux auteurs de l’étude.
Enfin : « parmi les prochaines étapes, l’équipe de recherche va s’intéresser aux variations de certains marqueurs sanguins et du microbiote intestinal en lien avec la consommation de ces additifs. Elle va également s’intéresser aux impacts sur la santé des mélanges d’additifs et de leurs potentiels « effets cocktails ».