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Adéquation du bilan diagnostique en cas de suspicion de maltraitance physique chez les jeunes enfants : un audit dans la région parisienne

Contexte : Lorsqu’une maltraitance physique infantile (MPI) est suspectée chez de jeunes enfants, un bilan diagnostique approprié est crucial pour confirmer le diagnostic et écarter d’autres causes possibles. Afin de standardiser et d’optimiser ces pratiques, des sociétés savantes et des agences de santé ont élaboré des recommandations cliniques nationales et internationales. Ces recommandations préconisent notamment la réalisation systématique de trois examens clés en cas de suspicion de MPI : des radiographies du squelette complet chez tous les enfants de moins de 2 ans, un scanner cérébral ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) ainsi qu’un examen du fond d’œil en cas de suspicion de traumatisme crânien non accidentel, chez les enfants de moins de 1 à 2 ans selon les recommandations. Des examens complémentaires sont également recommandés, par exemple pour rechercher une fragilité osseuse ou des troubles de la coagulation, afin d’explorer d’autres explications possibles aux lésions. Cependant, des études en Amérique du Nord et des enquêtes en Europe, y compris en France, ont montré que l’adhésion à ces recommandations variait. L’objectif de notre étude était d’évaluer les pratiques diagnostiques dans les hôpitaux de la région parisienne et de mesurer l’adhésion aux recommandations cliniques actuelles.

Méthodes : Nous avons utilisé des codes de fin de séjour hospitalier spécifiques suggérant une MPI dans l’entrepôt de données cliniques de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris afin d’identifier les enfants de moins de 2 ans hospitalisés pour suspicion de MPI en 2018–2019 dans 7 hôpitaux universitaires. Nous avons revu systématiquement les dossiers médicaux électroniques pour confirmer la suspicion de MPI. Nous avons ensuite comparé la proportion d’examens réalisés avec celle attendue selon les recommandations nationales et internationales.

Résultats : Parmi les 97 enfants inclus (âge médian : 5 mois), 60 % avaient des lésions intracrâniennes, 40 % des lésions cutanées et 30 % des lésions osseuses ; 8 % sont décédés. Au moins un des examens clés recommandés n’a pas été réalisé chez 14 enfants (14 %). Des examens du métabolisme osseux (à la recherche de fragilité osseuse) ont été effectués chez 33 % des 43 enfants ayant au moins une fracture inexpliquée. Des examens de la coagulation ont été réalisés chez 82 % des 76 enfants ayant des ecchymoses ou des saignements internes.

Conclusions : Les pratiques observées dans les hôpitaux universitaires de la région parisienne pour le bilan diagnostique en cas de suspicions de MPI chez le jeune enfant étaient meilleures que celles rapportées dans d’autres études, mais n’étaient pas toujours conformes aux recommandations. Les obstacles à la bonne application des recommandations, tels que la non-adhésion des médecins, doivent être identifiés et surmontés.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1876285925000919

Par Flora Blangis

Crédit photo : Renaud, Insights Imaging 2013

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