Le Nutri-Score est un logo destiné à informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments et leur permettre de les comparer entre eux, tout en incitant les industriels à améliorer la composition nutritionnelle de leurs produits. Son mode de calcul a fait l’objet d’une révision qui entre en vigueur en 2024 dans les sept pays européens qui l’ont adopté (France, Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse). Dès son adoption en France en 2017 puis dans les six autres pays européens, il a été acté que le Nutri-Score serait mis à jour régulièrement, en fonction de l’évolution de la science dans le domaine de la nutrition et de l’évolution du marché alimentaire, afin de tenir compte des innovations et reformulations par les industriels. En 2022, un comité scientifique composé d’experts issus des sept pays et sans conflits d’intérêts a été mandaté pour réaliser la mise à jour du mode de calcul du Nutri-Score. Ils ont proposé des points d’amélioration de l’algorithme initial, avec des modifications du mode de calcul pour diverses catégories d’aliments, tout en maintenant sa structure générale.
Les modifications spécifiques de l’algorithme sont les suivantes. Le nombre de points de pénalisation pour la teneur en sucre est augmenté. Ce choix s’explique par le fait qu’un rapport récent de l’EFSA a montré qu’il n’y avait pas de seuil minimal de teneur en sucre sans risque pour la santé. Le nombre de points de pénalisation pour la teneur en sel est augmenté. Ce changement est lié au fait qu’un apport élevé en sodium augmente la pression artérielle et le risque d’hypertension, ce qui constitue un facteur de risque de maladies cardiovasculaires et d’insuffisance rénale chronique. L’allocation des points valorisant la teneur en fibres est modifiée pour permettre une meilleure discrimination entre les produits céréaliers raffinés et complets et ainsi être en cohérence avec les recommandations nutritionnelles de santé publique. Le nombre de points pour les protéines est augmenté, avec une limitation des points pour les protéines de la viande rouge, justifiée par les travaux mettant en évidence les liens entre apport important de viande rouge et risques de cancers, notamment colorectal. La composante « fruits, légumes, légumineuses, fruits secs et huiles de colza, olive et noix » est modifiée et ne compte plus que les fruits, les légumes et les légumineuses. Pour finir, le seuil entre le score A et le score B est modifié.
Globalement, les modifications de l’algorithme conduisent à un classement plus strict des produits, avec les produits sucrés et salés classés moins favorablement du fait de l’allocation des points désormais plus pénalisante. Cela impacte par exemple les céréales sucrées du petit déjeuner et les produits laitiers sucrés qui sont moins favorablement classés. Les plats préparés, notamment riches en graisses saturées ou en sel, sont classés moins favorablement, passant en moyenne des classes A/B aux classes B/C voire D pour certaines catégories de produits, notamment certaines pizzas. Les huiles avec un profil intéressant en acides gras insaturés (olive, colza, noix, huile de tournesol oléique) sont désormais classées B, tandis que les autres huiles sont classées en C, D ou E en fonction de leurs teneurs en acides gras saturés. En ce qui concerne les boissons, l’eau reste la seule boisson classée A. Les boissons lactées sucrées (laits aromatisés), de même que les yaourts à boire aromatisés ne sont plus classées en B mais se retrouvent principalement en D et E. Les boissons édulcorées sont maintenant pénalisées également.
La version révisée du Nutri-Score corrige certaines des limitations identifiées avec le recul depuis sa mise en place. Elle permet surtout une meilleure cohérence et un meilleur alignement avec les recommandations nutritionnelles récentes en vigueur en Europe, au bénéfice des consommateurs et de la santé publique. Les industriels bénéficieront d’un délai de deux ans pour l’appliquer, afin de pouvoir écouler leurs stocks et renouveler leurs étiquettes.
Une perspective pour de prochaines évolution serait, à côté de l’information des consommateurs sur la composition nutritionnelle, de fournir également une information sur le fait que l’aliment est « ultra-transformé » ou non. Il n’est aujourd’hui pas possible d’agréger les deux dimensions (qualité nutritionnelle et ultra-transformation) dans le cadre d’un algorithme unique qui résumerait à lui seul la valeur « santé » globale des aliments. En revanche, il est possible de combiner graphiquement les deux dimensions de qualité nutritionnelle et ultra-transformation. Un essai randomisé contrôlé a d’ores et déjà mis en évidence que ce type de logo combiné permet aux consommateurs de comprendre indépendamment ces deux dimensions complémentaires des aliments et d’orienter leurs choix vers des aliments plus favorables à leur santé.
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Presse :
En 2024, le Nutri-Score évolue : pourquoi, et que faut-il en retenir ? (theconversation.com)
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