Docteur : Alexandre Vivot
Titre : Médecine personnalisée en oncologie clinique. Transfert des découvertes de biomarqueurs génétiques vers l’utilisation clinique
Encadrant : Raphaël Porcher
Ecole doctorale : ED 393 Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, Université Paris Cité
Date de soutenance : 13/10/2017
Jury : Simone Mathoulin-Pélissier, Xavier Paoletti, Julia Bonastre, Pierre Bougnères, Pierre Laurent-Puig, Raphaël Porcher
Résumé :
La médecine personnalisée représente une grande attente et un grand espoir dans la lutte contre le cancer. Cette approche vise à adapter les traitements aux caracté- ristiques personnelles du patient, principalement des biomarqueurs génétiques.
Dans notre premier travail, nous avons analysé l’ensemble des médicaments ap- prouvés par la FDA avec un biomarqueur pharmacogénétique dans leur label et montré (1) que l’oncologie représentait un tiers des médicaments avec un biomar- queur dans leur notice et (2) qu’une part importante des médicaments en oncologie mentionnaient le biomarqueur pour requérir un test avant la prescription du médi- cament contrairement aux autres domaines thérapeutiques.
Notre deuxième travail a analysé les essais cliniques soumis à la FDA en vue de la mise sur le marché des thérapies ciblées pour lesquelles il existait une indication restreinte aux patients présentant un certain biomarqueur. Nous concluons que dans deux tiers des cas, l’utilisation du biomarqueur pour sélectionner les patients à traiter était basée sur les résultats des essais cliniques restreints aux patients biomarqueurs positifs et, qu’ainsi, il n’existait aucune donnée clinique permettant de conclure à une différence d’effet traitement selon les valeurs du biomarqueur.
Pour notre troisième travail, nous avons réalisé une cartographie de l’ensemble des essais enregistrés sur le registre américain des essais cliniques pour les médicaments anti-cancéreux avec la mention d’un biomarqueur dans leur label. Nous avons mis en évidence des variations très importantes entre les médicaments quant au recours à des essais enrichis et au fait de tester un médicament dans plusieurs indications ou avec plusieurs biomarqueurs prédictifs.
Dans notre quatrième travail, nous avons étudié la question du bénéfice apporté par les médicaments anti-cancéreux dans un contexte d’augmentation très importante des prix et grâce à la publication récente de deux échelles par les sociétés européenne et américaine d’oncologie (ESMO et ASCO). Nous avons analysé le bénéfice de tous les médicaments anti-cancéreux approuvés entre 2000 et 2015 pour le traitement d’une tumeur solide. Nous avons montré (1) la faible valeur des récents médicaments anti-cancéreux, (2) l’absence de relation entre le prix et la valeur de ces médicaments et (3) l’absence de différence de bénéfice entre médicaments de médecine personnalisée et médicaments classiques.
En conclusion, la présence de biomarqueurs prédictifs dans le label des médicaments — souvent citée comme critère de succès de la médecine personnalisée — est pour l’instant restreinte en grande partie à l’oncologie. Le niveau de preuve pour l’utilité clinique est souvent inconnu car les études sont restreintes à un sous-groupe de patients positifs pour le biomarqueur dès les phases initiales du développement du médicament. Enfin, seul un tiers des médicaments anti-cancéreux approuvés par la FDA entre 2000 et 2015 ont un bénéfice cliniquement pertinent, sans différence de bénéfice clinique entre les médicaments avec et sans biomarqueur et sans relation entre le prix et le bénéfice de ces médicaments.