Docteur : Shukrullah Ahmadi
Titre : Plombémie des enfants : sources d’exposition et croissance des enfants au Bénin
Encadrante : Florence Bodeau-Livinec
Ecole doctorale : ED 393 Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, Université Paris Cité
Date de soutenance : 11/2020
Jury : Pascal Astagneau, Renaud Becquet, Jacques Gardon, Valérie Briand, Nathalie Costet-Deiber.
Résumé :
Le plomb a des effets négatifs sur la santé de l’enfant. Les sources de plomb sont bien connues dans de nombreux pays développés. En revanche, il existe peu d’études sur l’exposition au plomb chez les enfants, les sources potentielles, et ses effets sur la croissance en Afrique subsaharienne (ASS). Cette thèse visait à étudier le niveau de plombémie et les sources d’exposition au plomb chez les enfants de six ans en 2016-18 dans le sud du Bénin, en ASS. Cette thèse avait aussi pour objectif d’étudier la croissance des enfants en cherchant un modèle qui pourrait décrire au mieux les trajectoires individuelles des enfants.Pour le premier objectif, les plombémies et les sources ont été évaluées pour 425 enfants. Les plombémies ont été analysées par spectrométrie de masse à plasma inductif. La présence des sources possibles a été collectée à l’aide d’un questionnaire. Des régressions linéaires multiples et des régressions quantiles ont été utilisées pour étudier les sources potentielles de plomb. Un guide d’entretien a été élaboré pour les entretiens (n=38) afin d’évaluer les pratiques en matière de chasse, de vente et de consommation de viande de brousse. Pour le deuxième objectif, nous avons d’abord modélisé la croissance des enfants (n=961) en identifiant un modèle approprié. À cette fin, nous avons comparé la qualité de l’ajustement (dit goodness-of-fit) de trois modèles de croissance structuraux (Jenss-Bayley, Berkey-Reed et le modèle Gompertz adapté) sur les données longitudinales de croissance des enfants de la naissance à six ans. L’adéquation de trois modèles a été évaluée à l’aide de la distribution des résidus en fonction de l’âge et comparée aux critères d’information d’Akaike (AIC) et aux critères d’information bayésiens (BIC). La moyenne géométrique des plombémies était de 56,5 µg/L (IC 95% : 53,4 ; 59,6) et 56,4 µg/L (IC 95% : 54,1 ; 58,7) chez les enfants à un et six ans, respectivement. Nous avons constaté une prévalence élevée (59,5 %) de plombémie supérieure à >50 μg/L. Cette prévalence était proche de la prévalence (54,8 %) évaluée à l’âge d’un an en 2011-13. Cependant, la prévalence des enfants présentant une plombémie très élevée, c’est-à-dire supérieure à 100 μg/L, a diminué de 14,4 % à l’âge d’un an à 8,2 % à l’âge de six ans. Les principales sources d’exposition au plomb étaient la consommation de viande de brousse tuée par des plombs de chasse et la consommation d’arachides. D’autres sources potentielles de plomb associées aux plombémies à la limite de la significativité étaient la consommation de riz, l’exposition professionnelle paternelle et la présence d’une activité avec l’utilisation potentielle de plomb. Une étude qualitative a examiné en détail les pratiques liées à la chasse de la viande de brousse, sa vente et sa consommation par les familles, y compris par les enfants, et a permis de mieux comprendre les différentes étapes des plombs de chasse de la chasse à la consommation par l’enfant. Les résultats de la modélisation de la croissance montrent que le modèle Jenss-Bayley était le plus adapté parmi les trois modèles candidats. Ce modèle a ensuite estimé les trajectoires et les vitesses de croissance. Ainsi, il a été estimé qu’environ 1/3 des enfants étaient émaciés et 1/3 présentaient une insuffisance pondérale à l’âge de six ans. En conclusion, cette thèse a montré la forte imprégnation au plomb des enfants à l’âge de six ans, ainsi que la diversité des sources de plomb possible. Des recherches futures sont nécessaires pour étudier les conséquences du plomb sur la croissance des enfants dans ce contexte de malnutrition. Ces résultats montrent la nécessité de mettre en place des stratégies de prévention de l’exposition au plomb