Docteure : Cécilia Saldanha-Gomes
Titre : Activité physique, exposition à la télévision et alimentation du jeune enfant (2-5 ans) : Impact sur l’adiposité
Encadrantes : Patricia Dargent, Sandrine Lloret
Ecole doctorale : ED 420. Ecole Doctorale de Santé Publique, Université Paris Saclay
Date de soutenance : 19/12/2019
Jury : Patricia Dargent-Molina, Jean-Michel Oppert, Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, Sandrine Peneau, Isabelle Aubin-Auger, Denis Devictor, Sandrine Lioret, Vincent Gajdos
Résumé :
L’épidémie de surpoids et d’obésité concerne également les jeunes enfants, se caractérise par d’importantes inégalités sociales et entraîne des conséquences graves pour la santé à court, moyen et long terme. Les comportements impliqués dans la balance énergétique, à savoir l’activité physique, l’exposition à la télévision et l’alimentation pourraient jouer un rôle déterminant vis-à-vis du risque d’obésité du jeune enfant et sont potentiellement modifiables. Les objectifs de ce travail étaient d’étudier l’association entre ces comportements, considérés isolément mais aussi de manière intégrée sous forme de clusters multi-comportementaux à 2 et 5 ans, et le risque d’obésité et ce, séparément chez les filles et les garçons. Le risque d’obésité a été appréhendé au travers de la masse grasse à 5 ans et de l’âge au rebond d’adiposité. Le travail s’appuie sur les données de la cohorte EDEN. A 2 ans, le temps de jeux extérieurs chez les filles et le temps passé devant la télévision chez les garçons étaient respectivement associés inversement et positivement au pourcentage de masse grasse à 5 ans. A 2 ans, nous avons identifié des clusters multi-comportementaux caractérisés principalement par la fréquence de consommation d’aliments et de boissons à forte densité énergétique. Ces derniers n’étaient pas liés longitudinalement au pourcentage de masse grasse à 5 ans. Les clusters identifiés à 5 ans (4 clusters chez les filles et 2 chez les garçons) étaient principalement différentiés par l’exposition à la télévision ; chez les garçons la surexposition à la télévision était en outre associée à de moins bonnes habitudes alimentaires, tandis que chez les filles toutes les combinaisons possibles de niveaux d’exposition à la télévision et d’activité physique en extérieur (jeux/marche) étaient observées au sein des clusters. Les filles appartenant au cluster « Exposition très élevée à la télévision – Activité physique extérieure élevée » à 5 ans avaient un pourcentage de masse grasse plus élevé que celles du cluster de référence « Exposition modérée à la télévision – Activité physique extérieure plutôt élevée ». Par ailleurs, une plus forte adhésion au profil alimentaire «Aliments transformés, ou type fast-food » (identifié dans des travaux précédents) à 2 ans était associée à un âge plus précoce du rebond d’adiposité, défini comme intervenant en moyenne avant 3,7 ans dans les 2 sexes. Enfin, la position socioéconomique était inversement associée au temps passé devant la télévision ainsi qu’aux clusters caractérisés par une surexposition à la télévision et/ou de moins bonnes habitudes alimentaires ou de repas. Ces travaux montrent que tous les comportements impliqués dans la balance énergétique influencent le risque ultérieur de surpoids et d’obésité, mais avec une temporalité différente, sur des marqueurs de risque distincts et de façon variable en fonction du sexe de l’enfant et de son origine sociale. Ils montrent aussi que ces comportements se combinent de façon complexe et variable selon le sexe, et suggèrent que certaines typologies comportementales confèrent un risque plus élevé d’accumulation excessive de masse grasse. Ces résultats nous invitent à mettre en place des stratégies de prévention de l’obésité intégrant tous les comportements impliqués dans la balance énergétique et ce dès le plus jeune âge. Les efforts doivent viser à réduire le temps passé devant la télévision, en particulier dans les familles les plus modestes, tout en promouvant l’activité physique, en particulier en encourageant les petites filles aux jeux actifs à l’extérieur. En parallèle, il semble pertinent d’inciter les familles, et ce dès la grossesse, à adopter une alimentation proche des recommandations, en insistant sur l’importance des habitudes de repas, télévision éteinte et sans mise à disposition de boissons sucrées. Compte tenu de son approche holistique de la famille, le médecin généraliste est un vecteur idéal de ces messages de prévention.