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Repenser la place de la souffrance dans les soins : retour sur la journée d’étude interdisciplinaire du 20 mars 2025

Le 20 mars dernier, Astrid Chevance (psychiatre et épidémiologiste) et Luz Ascarate (philosophe) organisaient une journée d’étude interdisciplinaire intitulée « La souffrance et la douleur », réunissant plusieurs philosophes et cliniciens. Les conférences se sont tenues dans l’enceinte de l’hôpital Hôtel-Dieu de Paris, soulignant avec force l’urgence de réinterroger la place de la souffrance dans la pratique médicale contemporaine, une place encore largement indéfinie.

Cette journée s’inscrivait dans la continuité de la traduction en anglais du texte « La souffrance n’est pas la douleur » de Paul Ricoeur, assorti d’un ensemble d’articles autour de la philosophie de la souffrance accessible en libre accès : Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies.

Les intervenants ont exploré de manière approfondie la distinction entre douleur et souffrance, en interrogeant leur caractère potentiellement dissociable. Si la douleur a fait l’objet d’une définition médicale internationale dès 1976, ce qui a permis le développement de multiples recherches et pratiques en médecine, en psychologie et dans d’autres disciplines, la souffrance, quant à elle, demeure sans statut conceptuel clair dans le champ médical. Absente des classifications nosographiques et des protocoles de soin, elle reste dans une zone d’indétermination, souvent reléguée aux marges du soin, perçue comme relevant d’une subjectivité morale, existentielle, ou spirituelle.

De plus, il s’agissait de comprendre l’impact de cette différenciation sur les approches cliniques, notamment en matière de prise en charge globale des patients. En effet, les professionnels de santé sont quotidiennement confrontés à des patients dont la demande de soulagement excède celle de la plainte somatique. Cette dissociation entre douleur — comprise comme une sensation ressentie dans le corps — et souffrance — expérience liée à la perte, à l’épreuve du sens, ou à l’atteinte de l’intégrité de la personne — structure en profondeur les manières de soigner et appelle à une prise en charge plus intégrative des patients.

Somme toute, ces réflexions ont permis d’affiner la compréhension de la souffrance dans une perspective à la fois clinique, philosophique et éthique, dépassant la question de la partition avec la douleur, et soulignant la nécessité de ne pas dissocier cette question de celle de la relation entre soignants et souffrants.

L’intégralité des conférences sont à retrouver sur le compte YouTube de l’Espace Éthique : Journée d’étude « La souffrance et la douleur » – YouTube.

Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies

Espace éthique/Ile-de-France | Au service des valeurs du soin

Par Romane Verschelde

 

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