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Force de préhension chez les adultes français : de nouveaux repères grâce à la cohorte NutriNet-Santé

La force musculaire, et en particulier la force de préhension, est un indicateur clinique reconnu de la santé musculosquelettique et un marqueur prédictif du risque de sarcopénie, de déclin fonctionnel, voire de mortalité. Malgré son importance, peu de données de référence existaient jusqu’ici pour la population adulte française.

Dans ce contexte, cette étude menée dans le cadre de la cohorte NutriNet-Santé visait à établir des valeurs de référence de force de préhension spécifiques à l’âge et au sexe chez les adultes français, et à identifier les facteurs sociodémographiques et anthropométriques associés à une faible force musculaire.

Méthodologie

L’analyse porte sur un échantillon de 18 532 adultes (5262 hommes et 13 090 femmes), âgés de 18 à 91 ans, ayant participé entre 2011 et 2014. La force de préhension a été mesurée à l’aide d’un dynamomètre, en retenant la meilleure performance pour chaque main. Les résultats ont été exprimés en valeurs absolues (kg), et en valeurs relatives au poids corporel et à l’IMC.

Des percentiles (du 5e au 95e) ont été calculés par tranche d’âge et par sexe. Une force de préhension inférieure au 20e percentile a été considérée comme « faible ». Les facteurs associés à cette faible force ont été analysés par régressions logistiques, incluant notamment l’âge, l’éducation, le revenu, le statut tabagique, le niveau d’activité physique, le temps passé assis, et l’IMC.

Principaux résultats

  • L’IMC est un facteur clé : un IMC bas est fortement associé à une faible force de préhension, chez les hommes comme chez les femmes. À l’inverse, le surpoids semble protecteur chez les hommes (OR 0,77).
  • Le niveau d’éducation est un déterminant chez les femmes : celles ayant un niveau d’éducation inférieur présentent un risque plus élevé de faible force (OR entre 0,78 et 0,84).
  • Le tabagisme a des effets différenciés selon le sexe : chez les hommes, être ancien ou actuel fumeur est associé à une force plus faible (OR 1,20 à 1,35), tandis que chez les femmes, une association inverse est observée (OR 0,86).
  • L’activité physique a un effet protecteur dans les deux sexes, surtout à un niveau élevé (hommes OR 0,74 ; femmes OR 0,73).
  • L’âge est particulièrement déterminant chez les femmes dès 45 ans, avec un risque accru de faibles performances dans les groupes 45-49 ans (OR 1,27) et 55-59 ans (OR 1,32).

Conclusions

Cette étude fournit pour la première fois des références normatives françaises pour la force de préhension adulte, permettant de mieux évaluer la santé musculaire dans les pratiques cliniques et en santé publique. Elle met également en lumière plusieurs facteurs de vulnérabilité, en particulier chez les femmes et les personnes présentant une faible masse corporelle ou une sédentarité marquée.

Ces résultats contribuent à mieux identifier les populations à risque de sarcopénie et à guider les actions de prévention ciblées, en lien avec le vieillissement, la nutrition, et l’activité physique.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/41042151/

Par Abdouramane Soumaré 1Jean-Michel Oppert 1 2Laurent Bourhis 1Alice Bellicha 1Pilar Galan 1Serge Hercberg 1Mathilde Touvier 1Léopold K Fezeu 1Jérémy Vanhelst 

Crédit photo : unsplash.com

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