Docteur : Aurore Camier
Titre : Alimentation de la première année et croissance de l’enfant
Encadrante : Blandine de Lauzon-Guillain
Ecole doctorale : ED 393 Epidémiologie et Sciences de l’Information Biomédicale, Université Paris Cité
Date de soutenance : 17/01/2022
Jury : Sylvie Issanchou, Rémi Béranger
Résumé :
L’effet protecteur de l’allaitement sur le risque d’obésité est souligné par de nombreuses études. En revanche, peu de ces études ont considéré les autres aspects de l’alimentation précoce. Ainsi, l’objectif principal de cette thèse était de caractériser l’alimentation de la première année de vie, dans sa globalité, puis d’étudier les liens avec la croissance de l’enfant. Dans une première partie, il a été montré qu’il est pertinent de considérer des variables autres que la durée d’allaitement et l’âge de la diversification alimentaire pour caractériser l’alimentation précoce, notamment l’âge d’introduction de certains groupes alimentaires particuliers comme les boissons sucrées et le lait de vache ou encore l’introduction des morceaux. De plus, il ressort que les pratiques d’alimentation précoce recommandées comme l’allaitement ou la diversification alimentaire dans la fenêtre recommandée sont fortement associées entre elles. Des analyses sur les caractéristiques familiales associées à ces pratiques précisent qu’un âge et un niveau d’études maternels élevés sont associés à des pratiques d’allaitement et de diversification plus en accord avec les recommandations, qu’une migration et un faible niveau de revenus sont associés à un allaitement plus long et qu’enfin la présence d’enfants plus âgés dans le foyer est associée à la fois à un allaitement plus long mais aussi à une introduction précoce du lait de vache. Dans une deuxième partie, une analyse a été menée sur les liens entre les pratiques d’alimentation de la première année de vie et la croissance, avec l’étude de l’indice de masse corporelle (IMC) jusqu’à 5 ans ou encore avec le pic et le rebond d’adiposité. Il a été retrouvé que le sexe de l’enfant est un facteur modérateur dans les associations entre les pratiques d’alimentation et la croissance, avec notamment un effet de l’allaitement plus fort chez les filles. Un allaitement plus long est associé à une croissance précoce plus faible, mais les associations retrouvées avec la croissance plus tardive ne sont pas en faveur d’un effet protecteur vis-à-vis du surpoids. Une diversification alimentaire précoce est associée à un IMC plus élevé entre 1 et 5 ans. Les enfants allaités plus longtemps et diversifiés plus tardivement présentent des paramètres de croissance plus faibles la première année mais cette tendance ne se confirme pas systématiquement dans les variables de croissance ultérieures. Enfin, dans une troisième partie, l’influence de la teneur en protéines des préparations infantiles sur la croissance précoce a été étudiée. Cette analyse s’inscrit dans une démarche d’exploration des mécanismes expliquant les liens entre l’alimentation précoce, dont l’allaitement, et la croissance. En effet, des apports élevés en protéines la première année de vie semblent associés à une croissance précoce plus élevée. Cette dernière analyse a permis de confirmer qu’il existe un gradient positif entre la teneur en protéines des préparations infantiles présentes sur le marché et la croissance précoce des enfants : plus la teneur en protéines de la préparation infantile consommée à 4 mois est élevée plus les paramètres de croissance (z-scores du poids, taille et IMC pour l’âge) sont élevés entre 6 et 18 mois. L’ensemble de ces analyses a permis de montrer l’effet de l’alimentation précoce sur la croissance dans l’enfance. Une diversification alimentaire précoce et une teneur en protéines de la préparation infantile élevée sont associées à une croissance précoce plus importante. Les liens entre l’allaitement et la croissance sont plus hétérogènes et ne sont pas tous en faveur d’un effet protecteur de l’allaitement vis-à-vis du risque de surpoids.